Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/212

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Et cultive ; elle suit de près, au jour le jour,
Les phases de ce genre inoffensif d’amour,
Désigne le charmeur par son prénom, relate
Les splendeurs d’un coucher de soleil écarlate,
Admiré pendant un long moment en commun,
Analyse la teinte ardente, le parfum
Et surtout le discret mais éloquent langage
D’une humble fleur donnée à l’improviste en gage
De sentiments profonds, purs, dont le souvenir
Robuste, enraciné, ne doit jamais finir.
Ses deux compagnes sont de bouillantes natures
Sans frein et sans maîtrise ; elles ont des figures
Pleines de passion pour le sujet traité ;
L’une possède un dur profil très arrêté,
Sûr indice de son violent caractère.
Elle a des avis bien nets ; elle déblatère
Volontiers sur les gens ; c’est surtout, eux présents,
Qu’elle trouve les traits sur leur compte amusants ;
Elle s’égaye à leurs dépens et ne recule
Devant rien pour tourner quelqu’un en ridicule.