Aller au contenu

Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/220

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Plus ou moins décousu, vague, abracadabrant ;
Elle voit remuer un beau parleur sabrant
Choses et gens dans une ardente diatribe ;
Elle en perçoit dans sa somnolence une bribe
Dont le sens traverse à la hâte son cerveau
Changeant la trame du songe ; puis de nouveau
Elle succombe ; alors sa poitrine se gonfle
Et bientôt, se croyant dans son lit, elle ronfle
Peu soucieuse que ce soit ou non poli.

Tout branlant près de sa boule, un vieux ramolli
Ne saisit nettement ni le jeu ni sa règle ;
Jadis il ne passait déjà pas pour un aigle,
Alors qu’il était vert ; l’âge a d’abord restreint
Sa compréhension modeste, puis éteint
Ses dernières lueurs de raison ; il radote,
Ressasse toujours la même unique anecdote
Avec, à des endroits fixes, les éternels
Mêmes faits inouïs et sensationnels ;
Il observe, après son histoire, un intervalle