Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/232

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Il remonte dans sa chambre se faire beau,
Se demande devant la glace quel chapeau
Lui va le mieux, revêt son plus récent costume,
Passe du temps à sa coiffure, se parfume,
Se cambre pour avoir l’air mince, met de l’art
Dans les plis de son gros nœud de cravate, et part ;
Il repasse tout bas les histoires nombreuses,
Tantôt fades, tantôt légères ou scabreuses
Qui se répètent sur les gens, et qu’on entend
Embellir chaque fois ; il n’est pas mécontent
En pensant que bientôt on narrera les siennes ;
Il ne sait pas que par les fentes des persiennes,
Pendant qu’il fait de beaux rêves, des paires d’yeux
L’épient, et que des fous rires malicieux
Signalent les premiers pas de son escapade.