Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/32

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Elle présente les signes d’un nœud tout fait.
Devant lui, mais plutôt à sa droite, une dame
Plus jeune d’au moins dix ans, sans doute sa femme,
Reste incommodément debout dans le bateau ;
Elle est entièrement couverte d’un manteau
Qui lui descend aux pieds ; c’est un cache-poussière
Grisâtre, fin, léger ; la dame a la paupière
Abaissée ; elle tient piteusement sa main
Hésitante, immobile, en faisant l’examen
De la banquette qui s’offre comme suspecte,
Soit qu’un peu d’eau de mer l’éclabousse et l’humecte,
Une ou deux vagues plus fortes ayant sauté
Et causé ce gâchis, soit que la propreté
Que le bois plus ou moins confortable présente
Ne lui paraisse pas sûre ni suffisante.
Deux jeunes filles très droites, se tenant bien,
Dont on voit les dos plats, longs, sans connaître rien
De leurs figures, ont les deux robes pareilles,
Et chacune a les deux mêmes boucles d’oreilles ;
Mais le brouillard devant leurs corps est plus épais,