Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/47

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Sur les ébauches de ses rêves ; son esprit
Veut tenter un effort plus vaste, s’enhardit,
S’essaye, part à la découverte, se hausse
Mais échoue. À sa gauche une enfant assez grosse
Creuse, abat du travail pour deux, oubliant tout
Pour mener à souhait sa tâche jusqu’au bout.
Elle est active, elle a du cœur à la besogne.
En prenant de l’élan pour bêcher, elle cogne
Avec son coude son voisin, le beau rêveur
À qui le jeu paraît ennuyeux, sans saveur,
Et la vie enfantine insuffisante et plate.
La fillette a dans son dos une lourde natte
Qui tombe droite et dont la régularité
Est obtenue avec art et sévérité ;
Rien ne dépasse, rien ne s’écarte ou se mêle,
Tout est net, appliqué, voulu ; la natte est belle,
Elle a du tassement dur dans son épaisseur,
De la vigueur et du brillant dans sa noirceur
Qui tranche fortement sur la robe moins noire ;
Dans le bas de la natte un ruban neuf en moire