Page:Roussel - La Vue, 1904.djvu/70

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S’avance dans la mer, grand, formant une pointe ;
À droite, il est suivi d’une foule disjointe
D’autres rochers plus courts, plus petits et plus bas ;
La mer, pour le moment, ne les recouvre pas,
Mais l’écume, trouvant obstacle, jaillit, saute
En poussière liquide et légère, assez haute
Pour dominer certains d’entre eux, pour les mouiller,
Pour les envelopper d’un nuage et brouiller
Leurs contours avec une apparence de rage.
Sur le grand rocher même on a fait un passage
Pour les piétons ; il est rustique, accidenté,
Montant ou descendant parfois, mouvementé ;
Exprès, on a laissé vers le centre une arcade
Naturelle ; le tout forme une promenade,
Un but commode pour la flânerie ; au bout,
Au point le plus extrême, un couple attend, debout,
Ne pouvant se lasser de voir le point de vue ;
L’homme et la femme ont un regard qui s’habitue,
De moment en moment, aux très grands aperçus ;
Leur vision s’adapte et ne s’étonne plus