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7° Un fait se rapportant directement au génie de Richard Wagner.

Le 17 octobre 1813, à Leipzig, une trêve observée entre les Français et les troupes alliées interrompait la terrible lutte qui, engagée la veille, devait se continuer avec tant d’acharnement pendant les deux jours subséquents.

Sur un boulevard extérieur on voyait une foule de ces bateleurs et marchands nomades que les armées traînent toujours à leur suite. Nombre d’habitants de la ville erraient là parmi les soldats, et l’ensemble, d’aspect très animé, donnait un peu l’impression d’une foire.

Dans la cohue circulait joyeusement un essaim de quelques jeunes femmes, qu’amusaient fort le clinquant des étalages et l’extravagance des boniments ; l’une d’elles portait son fils, qui, presque âgé de cinq mois, n’était autre que Richard Wagner, né à Leipzig le 22 mai précédent.

Tout à coup un vieillard à longue chevelure, debout derrière une petite table, interpella de loin la jeune mère pour l’inviter à se faire prédire l’avenir de son enfant. Purement Français d’allure et d’accent, l’homme s’exprimait dans