Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/173

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rard… Gérard… », la main désespérément tendue vers la chapelle.

Arrivé près de l’autel, celui qu’elle nommait ainsi ramassa l’Enfant Jésus, qu’il coucha sur ses genoux après s’être assis sur l’escabeau.

Sortie de sa poche du bout de ses doigts, une boîte ronde en métal, quand son couvercle à charnière fut soulevé, laissa paraître une sorte d’onguent rose, dont il se mit à étaler une fine couche sur l’enfantin visage de la statue.

Aussitôt, la spectatrice au voile noir, comme faisant allusion à l’étrange maquillage, dit au jeune garçon, qui hochait affirmativement la tête en pleurant :

« C’était pour toi… pour te sauver… »

Sans cesse aux écoutes, Gérard, semblant talonné par la crainte de quelque surprise, allait vite en besogne, et, avant peu, toute la figure de pierre fut rose d’onguent, ainsi que le cou et les oreilles.

Couchant la statue dans le petit grabat, qui s’allongeait contre le mur de gauche, il l’examina un moment et, remettant dans sa poche la boîte d’onguent refermée, se dirigea vers la fenêtre.