Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/179

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Au terme d’une manœuvre exécutée par Gérard à la façon d’un manchot, les in-octavo empilés se trouvèrent soutenir, à sa droite, l’autre plat de la reliure, sur lequel s’étalaient parfaitement une garde et une fausse garde, celle-ci montrant à côté de la page ultime du dictionnaire — ouvert maintenant, avec tous ses feuillets bien horizontalement tassés, comme un volume qu’on est en train d’achever — son recto vierge qui peu à peu se remplit de strophes nouvelles, une par une écrites à l’eau avec l’épine puis dorées.

Après constat de siccité et routinière récupération de grains d’or, Gérard tourna la fausse garde, sur le verso de laquelle, fidèle jusqu’au bout à ses artifices de scribe étrange, il termina et signa son ode, dont toutes les strophes offraient le même type.

Seuls quelques grains de la poudre précieuse restaient alors dans sa main gauche, qu’il secoua pour les faire tomber.

Quand la signature d’or, située au bas de la page, eut elle même séché complètement, Gérard laissa cette fois choir au hasard sur la table toute la râpure métallique étrangère au