Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/189

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geté du procédé purement éliminatoire, se montra finalement plein de vie exubérante, les mains aux hanches et le visage épanoui par le rire.

Les délicats traits d’encre savamment laissés par l’acier constituaient un vrai chef-d’œuvre de grâce et de charme, dont nous pouvions apprécier la valeur, bien qu’obligés, de notre place, à l’apercevoir sens dessus dessous.

Quand tout y fut achevé, le grattoir, prouvant à nouveau la maîtrise de la main qui le tenait, campa plus bas, toujours en blanc sur la feuille préalablement noircie, le même Gilles vu de dos ; l’absolue similitude de pose, d’allure et de proportions des deux résultats rendait indubitable le fait d’unicité touchant la conception de l’artiste.

Ici encore, les volontaires oublis de l’astucieuse lame suppressive composaient un admirable ensemble, qui, même contemplé à rebours, nous séduisait par l’élégance de son fini.

La dernière retouche accomplie, l’artiste, lâchant son grattoir, se leva en emportant la feuille, qu’il étendit, un peu plus loin de nous, sur la plate-forme à pivot d’une selle de sculpteur — où une petite armature en fil de fer, à struc-