Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/190

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ture humaine, se dressait près d’une foule d’ébauchoirs et d’une boîte de carton blanc sans couvercle, sur laquelle se lisaient de face, en grosses lettres, ces mots écrits à l’encre : « Cire nocturne ».

Manipulant l’armature, fixée par le dos à une solide tige métallique verticale, dont la base, épanouie en rondelle, était assujettie au moyen de vis à une tablette de bois posée sur la plate forme pivotante, l’artiste lui donna aisément, grâce à la souplesse du fil de fer, l’attitude exacte du Gilles que son grattoir venait de créer.

Puis sa main, plongeant dans la boîte, en sortit un épais bâton de certaine cire noire mouchetée de minuscules grains blancs, qui, faisant penser à une nuit étoilée, justifiait le nom tracé sur le carton.

Avec cette cire nocturne il enveloppa successivement la tête, le tronc et les membres de l’armature et remit ensuite dans la boîte toute la portion restante du bâton.

À l’œuvre ainsi préparée il commença de donner, au moyen de ses doigts seuls, une forme assez précise et continua son travail avec un ébauchoir, qui, choisi dans sa provision nombreuse,