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défilés calabrais de l’Aspromonte, Gérard subit l’attaque d’une troupe de brigands, menés par le fameux chef Grocco, dont on citait les coups d’audace envers maints voyageurs qu’il rançonnait chèrement.

Atteint d’un coup de poignard à la jambe gauche dès son premier essai de résistance, Gérard fut capturé ainsi que Florent, alors âgé de deux ans.

Grocco avertit aussitôt Clotilde, laissée libre, qu’elle ne pouvait sauver les deux captifs de la mort qu’en lui apportant, avant une date qu’il fixa pour leur exécution capitale, une somme de cinquante mille francs. Puis il prit dans sa ceinture une écritoire munie de feuilles timbrées et força le poète, auquel pas un mot de la sentence n’avait échappé, d’établir en faveur de Clotilde une procuration apte à faciliter tous déplacements de fonds.

Conduits avec leurs bagages sur le sommet d’un mont abrupt, Gérard et Florent furent écroués dans une ancienne chapelle faisant partie d’une vieille forteresse abandonnée où Grocco campait tant bien que mal.

Le poète, à la réflexion, n’entrevit aucune