Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/224

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chance de salut. Grocco, le prenant à grand tort pour un oisif riche en train de voyager par goût, avait fixé bien trop haut le prix de la rançon, dont le cinquième à peine se trouvait susceptible d’être réalisé par Clotilde. Et, quand l’argent n’arrivait pas, jamais le fameux bandit ne retardait d’un seul instant l’heure d’une exécution.

Pourtant, après de longues méditations, Gérard découvrit un moyen hasardeux de sauver au moins la vie de Florent. Par la promesse de quelques milliers de francs, que Clotilde, il le savait, était à même de réunir sans peine, le poète gagna son geôlier, un certain Piancastelli, qui, passant pour le plus astucieux de la bande, résolut de tenter un coup hardi avec la seule aide de sa concubine Marta.

Plusieurs bandits avaient ainsi au camp une amante qui, étrangère à toute discipline, allait à son gré aux villes proches pour y effectuer divers achats. Marta, libre comme ses compagnes, enlèverait secrètement Florent pour le rendre à Clotilde en échange de la somme convenue, qu’elle rapporterait à Piancastelli. Dès lors, les deux complices, pour éviter toutes repré-