Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sailles, quitteraient promptement le repaire de Grocco.

Le poète renonçait à sa propre évasion pour assurer celle de son fils. Fréquemment Grocco passait devant la chapelle, située au niveau du sol, et, par la fenêtre, apercevait Gérard, dont le départ eût à l’instant provoqué une poursuite acharnée. Au contraire, en demeurant à son poste, le père ne pouvait manquer de protéger la fuite de l’enfant, fuite chanceuse que la nature du pays promettait de rendre longue et difficile.

Craignant de voir ceux qu’il faisait prisonniers établir, en vue de lui échapper, des communications avec le dehors, Grocco, toujours, leur interdisait formellement la possession de plumes ou de crayons.

Piancastelli, bravant pour quelques moments ce décret, mit le reclus en mesure de prescrire par lettre à Clotilde la remise d’une somme déterminée à l’inconnue qui lui rendrait Florent.

Le lendemain, avant l’aube, Marta, munie de la lettre, partit avec l’enfant dissimulé sous son manteau.

Mais, ce jour-là, Grocco, apprenant soudain l’imminent passage d’un groupe de riches voya-