Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/232

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Mais quel métal pulvériser ?

Tout en acier, les barreaux de la fenêtre étaient inattaquables, et la chapelle, dont seuls des verrous extérieurs fermaient la porte, montrait une complète nudité. Par bonheur, lorsque avant de l’incarcérer on avait pris à Gérard bijoux et monnaies, une antique pièce d’or de touchante provenance était restée inaperçue.

Pendant un été passé jadis en Auvergne, Clotilde, enfant, jouait souvent, non loin d’une ruine féodale, sous d’épais ombrages constituant un classique but de promenade. Un jour, en creusant le sol avec sa bêche pour entourer de fossés une forteresse de sable due à son labeur, elle fit sauter une pièce d’or, qui fut reconnue, à l’examen, pour un écu à la chaise du XIVe siècle. Fière de sa trouvaille, Clotilde voulut porter en bracelet l’écu pendu à une chaînette d’or. Jeune fille, elle continua de mettre le frêle bijou, dont on allongea la chaînette. En recevant sa bague de fiançailles elle en fit présent à Gérard, pour qu’il ceignît à son poignet cet objet qui, depuis l’enfance, ne l’avait pas quittée. Nuit et jour le poète garda au bras l’émotionnante relique, dont les bandits, en le fouillant, n’avaient pu