Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/243

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Tourné par le prêtre, l’écrou, attirant la vis, rapproche les mâchoires, qui, formant en bas, par l’effet d’une jointure à chape, un angle variable, viennent dès lors, sans douleur vu leur mollesse, infliger aux deux patients une pression symbolisant leur solide union cinquantenaire. Libérés au bout d’un moment, les conjoints se rassoient, et la messe s’achève.

Servant de temps immémorial à chaque célébration de noces d’or, l’objet s’appelle « Étau indu », à cause de l’insolite caractère amoureux de son immixtion si tardive dans la vie des vieilles gens. Son nom complet brille explicitement, en lettres de grenats, sur une des faces du coffret qui le renferme.

Mariés jeunes, les Le Mao, avec tout le cérémonial d’usage, avaient récemment fêté leurs noces d’or à Plomeur, et Mériadec s’était permis, par tendre espièglerie, de tourner lui-même à l’aide de sa main gauche, avec une force et une insistance inusitées, l’écrou du faux étau, semblant vouloir par là resserrer encore ses liens conjugaux.

Peu après, atteint de péricardite, Mériadec,