Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/248

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pièce sous clé dans un tiroir de la table en chêne.

Convaincu que le précieux parchemin s’était consumé avant d’avoir pu tomber en des mains étrangères, l’intendant s’inquiéta peu de l’événement et, le lendemain, narra tout à Roland, qui lui remit un nouveau blanc-seing.

En fait, l’embrasement était l’œuvre d’un valet paresseux et vil nommé Quentin, spécialement préposé au service de Dourtois. Ayant, un jour, vu l’intendant remplir un blanc-seing du maître, Quentin s’était dit qu’une pièce de ce genre, dérobée intacte, pourrait le conduire à la fortune. Sans cesse aux aguets depuis lors, il avait aperçu, la veille, Dourtois en train de serrer dans la table un parchemin d’aspect reconnaissable. Forçant le tiroir à la première absence de l’intendant, il s’était saisi du blanc-seing, non sans allumer ensuite, pour assurer sa paix en dissimulant le vol, un incendie rationnellement imputable à quelque attaque du vent.

Pour toute signature le parchemin portait un cob dessiné par Roland.

Au IXe siècle, beaucoup de seigneurs, ne sachant lire ni écrire, apprenaient tant bien que