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Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/251

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cassier, chef d’un groupe de maraudeurs qui depuis peu saccageaient le pays. Il s’agissait de capturer Roland, qui faisait chaque jour, en lisant quelque ouvrage de science, une solitaire promenade en forêt, puis de l’amener, par un subterfuge, à écrire en bonne place le texte convoité. On eût pu tenter, même sans le vol préalable, de s’emparer ainsi de lui pour le contraindre, sous menace de torture et de mort, à rédiger l’acte voulu en signant de son cob ; mais, sachant que Roland eût enduré supplices et trépas plutôt que de ruiner ses enfants en abandonnant tous ses biens, Quentin avait tenu à user de ruse.

Le cob du blanc-seing se trouvait juste sous le milieu de la feuille, que Quentin plia en deux de façon très coupante, afin de fixer ensuite l’une contre l’autre, avec une colle transparente, les deux moitiés haute et basse du verso.

L’ensemble offrait, dès lors, l’aspect d’une épaisse et courte feuille simple, sur le vierge côté bien offert de laquelle, pour sauver sa vie, Roland écrirait docilement, en le signant de son nom, un acte qu’il croirait nul. En séparant ensuite avec une lame les deux parties collées,