Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/26

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turel récemment prédit par Jouël pour l’heure de son trépas, le peuple, avec certitude, salua en l’étoile imprévue l’âme même du défunt, prête à veiller éternellement sur les destinées du royaume.

Sachant désormais quel fait devait exprimer la formule propre à livrer les immenses biens du Morne-Vert, le nouveau souverain, ambitieux fils de Jouël, prononça devant la grille ensorcelée force textes laconiques rapportant de mille façons diverses la transformation du feu roi en astre des cieux. Mais il n’atteignit pas le dire juste, car les battants restèrent clos. Et ce fut toujours en vain que, dans la suite, de semblables tentatives eurent lieu derechef.


Or, cette proposition rebelle, Kourmelen, pendant son rêve, l’avait reçue des lèvres de Jouël, autorisé à en faire l’aveu par le menaçant orage politique suspendu sur le royaume.

Au seuil du Morne-Vert, il l’émit en ces termes, dont les chercheurs, au cours des siècles, s’étaient seulement approchés :

« Jouël brûle, astre aux cieux. »

La grille s’ouvrit largement — puis se re-