Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/275

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demandé lui-même à être, dès son dernier soupir, accommodé à souhait dans la glacière de Locus Solus, trouvant un peu d’adoucissement à ses angoisses devant le néant dans la pensée d’agir encore après le grand moment redouté.

L’heure venue, on s’aperçut que les façons du défunt se rapportaient à un traitement médical récemment suivi par lui.

L’année précédente, un illustre praticien, le docteur Sirhugues, avait trouvé le moyen d’émettre certaine lumière bleue qui, bien que très faible d’éclat, contenait une merveilleuse puissance thérapeutique et se chargeait, intensifiée par une immense lentille, de rendre promptement de la vigueur à tout valétudinaire soumis après dévêtement, soit de jour, soit de nuit, à ses mystérieux rayons.

Placé au foyer de la lentille, le sujet, en proie à une folle surexcitation et souffrant d’une cruelle brûlure générale, s’efforçait de fuir. Aussi l’enfermait-on étroitement dans une sorte de cage cylindrique à forts barreaux, qui, établie juste au lieu indiqué, avait reçu le nom de geôle focale.