Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/278

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déclinait de jour en jour, clouée en son lit par la faiblesse.

S’épuisant de travail pour payer soins et remèdes, Yvikel avait résolu de se tuer après le décès de son enfant, qui seule l’attachait à la vie, — quand l’enivrante transformation de son logis lui fit concevoir l’espoir d’une guérison.

Le printemps commençait. Blandine, de son lit, traîné contre la fenêtre ouverte, se grisa éperdument d’oxygène et de rayons. Pleurant de bonheur, son père la vit reprendre des forces et du teint, tandis que les quintes s’espaçaient. La victoire était complète au moment où s’achevait l’avenue.

Dans son délire de joie, Yvikel voulut témoigner par un hommage divin sa reconnaissance au roi, dont l’œuvre louable était la cause de son ardente félicité.

C’était l’usage alors, quand par des prières à telle adresse on obtenait quelque merveilleuse guérison, de faire graver sur soie, en réservant le parchemin aux seuls textes religieux, un sujet naïf où l’auteur du miracle, auréole au front, tendait sa main puissante vers le chevet occupé par l’être cher sauvé de la mort. L’œuvre, enca-