Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/292

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Or l’épître en question émanait d’une jeune femme qui, demandant à regret un secours d’argent, suppliait Ethelfleda, son amie d’enfance, de lui garder le plus grand secret. La crainte spéciale d’une confusion entre belle-mère et bru avait amené la signataire, en quête de tel voyant soulignement, à un emploi partiel d’encre rouge.

Son ombrelle et ses gants dans la main gauche, Ethelfleda tendit, pour prendre la lettre, sa main droite armée de la rose, dont la tige, pressée par son pouce, s’appliqua sur l’enveloppe.

Voyant ressortir, en cette couleur rouge redoutée, le mot qui entre tous, justement, servait à la désigner de façon sûre, elle se fixa sur place, impressionnée, et, ne pouvant réprimer une crispation nerveuse, se piqua le pouce à une épine oubliée par le fleuriste.

Par sa vue abhorrée, le sang tachant la tige et le papier accrut son trouble, et, prise de répulsion, elle ouvrit instinctivement les doigts pour laisser choir hors de son regard les deux objets rougis.

Mais son ongle de pouce, depuis que le mou-