Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/313

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coucher en plein Paris pour se rendre de bon matin dans les bibliothèques, ne regagnant ensuite Meaux qu’à la brune.

Un soir, pendant le labeur de son fils, non sans d’effrayants battements de cœur, François-Jules dit, balbutiant presque :

« Andrée… chère enfant… te voici d’âge à te marier… Je veux te parler d’un projet… renfermant le bonheur de ma vie… Mais, hélas !… je ne sais… si tu accepteras… »

Rougissante, la jeune fille tressaillait de joie, se méprenant à ses paroles.

Elle et François-Charles s’étaient de tout temps réciproquement adorés. Enfants, par les jours de vacances, ils égayaient la maison ou le jardin du bruit de leurs jeux mêlés de purs baisers. Adolescents, ils se confiaient leurs rêves, discutaient de communes lectures. Et dernièrement, se sentant tout l’un pour l’autre, ils s’étaient juré de s’unir, n’attendant qu’un moment propice pour s’ouvrir à François-Jules, dont l’enthousiaste approbation ne leur semblait pas douteuse.

Andrée, pensant que l’allusion contenue dans la phrase énoncée pouvait seulement viser son