Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/380

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À Marseille, Luc, pour un minime salaire, aidait parfois au déchargement des navires, sous l’inquiète surveillance de Félicité.

Contribuant un jour, parmi le halètement des grues, à vider les flancs d’un paquebot venu d’Océanie, l’enfant, à son dixième trajet, reparut, au bout de la passerelle, portant sur l’épaule une caisse à claire-voie dont l’intérieur le fascinait.

Comme il courait vers sa grand’mère pour lui faire partager son étonnement admiratif, une fente de la claire-voie livra passage à deux œufs, qui, tombant sans se briser, furent ramassés par Félicité.

Luc montra dans la caisse, garnie d’eau et de grains, deux oiseaux d’éclatant plumage, ornés d’une queue insolite formant dais au-dessus d’eux. Quelques œufs, entaillés finement, gisaient sous leurs pas ; d’autres, intacts, composaient, moins les deux récoltés par la devi-