Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/389

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Des mouvements continuels et baroques étant nécessaires pour bien mettre en relief les vertus attractives du curieux métal, Canterel tâchait de faire exécuter à sa main les plus capricieux et fréquents sursauts.

Mais ses gestes, par leur côté conscient et volontaire, lui semblaient inférieurs, sous le rapport de l’effet rendu, à l’agitation imprévue qu’eût provoquée sans arrière-pensée quelque être ignorant du but poursuivi.

Or toute personne, même bornée ou folle, eût, à un degré quelconque, agi en connaissance de cause, et, d’avance, n’importe quelle machine, à travail forcément invariable et précis, allait au rebours de ses désirs.

Seul un animal, vivant et incompréhensif à la fois, pouvait donner à la manœuvre tout l’inattendu exigé.

Ayant reçu la pépite peu de temps après son retour de Marseille, au moment de ses études sur les iriseaux, Canterel jugea que les folles évolutions caudales de la femelle éprouvant ses œufs lui donneraient des résultats inespérés, en portant jusqu’à l’anxiété les sentiments de ceux qui guetteraient les cabrioles de l’eau.