Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/428

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terreur, — qu’il n’essaya pas d’inspirer à des noirs dès longtemps transplantés en Europe et trop confiants en nos lois, prohibitives de toutes violences.

Il se rappela une profonde impression personnelle ressentie, lors d’une récente exposition des œuvres de Vollon, devant la fameuse Danseuse aux fruits, considérée comme le chef-d’œuvre du grand peintre. Le catalogue formulait ainsi l’argument, inspiré par une coutume soudanaise :

« Chaque année, à Kouka, suivant une tradition quasi religieuse, quand les arbres nourriciers laissent ployer leurs branches surchargées, une première sélection de fruits, apportée par une danseuse, doit, à l’issue d’un pas difficultueux, être solennellement déposée en offrande aux pieds du souverain entouré de sa cour ; si un seul fruit tombe durant la danse, la ballerine est mise à mort sur-le-champ, et une autre, qu’attend la même peine capitale en cas de brusque déficit analogue, recommence la figure. Selon une croyance superstitieuse qui explique une telle rigueur, si ce premier lot n’est pas remis intact au souverain, un passage de sauterelles ne peut