Page:Roussel - Locus Solus, 1914.djvu/96

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personnages solidaires, nous donna cette explication :

« L’athlète Vyrlas entrave l’élan d’un oiseau robuste, qui, par l’effet de certain dressage criminel, tente d’étrangler Alexandre le Grand. »

L’objet en cause évoquait tout un drame. Héros inconscient d’une scène tragique, un homme était mollement endormi sur une somptueuse couche orientale. Fixé au mur près du chevet, un fil d’or s’enroulait en nœud coulant autour de son cou et tenait, par son extrémité libre, à la patte d’un gigantesque oiseau vert, qui, déployant ses ailes, semblait sur le point de resserrer la mortelle étreinte par une forte traction préparée dans le sens voulu. Debout et ferme, un sauveur à musculature d’athlète avançait les deux mains comme pour empoigner le volatile assassin, que le fil, par une évidente interversion de rôles, soutenait dans l’espace grâce à une secrète rigidité.

L’ensemble montait rapidement. À courte distance de la surface, une grosse bulle d’air s’enfuit soudain par une ouverture pratiquée dans le sommet du mur auquel se rattachait le fil d’or ; son passage avait dû provoquer dans un