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Page:Roussel Souvenirs d'un ancien magistrat d'Algérie 1897.djvu/19

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profitèrent de l'avis, d'autres qui ne croyaient pas à l'imminence du danger, ayant voulu rester, furent égorgés. On contait qu'à la même époque un enfant Espagnol, qui avait échappé par la fuite au massacre de sa famille, fut trouvé dans la campagne, exténué et mourant de faim, par un indigène dont le bras se levait déjà pour le frapper, lorsque l'enfant lui demanda du pain. L'indigène lui donna à manger et le conduisit jusqu'aux environs de Sétif, où le petit malheureux put arriver sain et sauf et fut recueilli par des amis de ses parents.

Un chef du service topographique me disait qu'un de ses agents, fuyant le soulèvement, se réfugia dans un douar au moment où l'on était en train d'y prendre les armes. Il se mit sous la protection du cheik qu'il connaissait. Celui-ci lui donne à choisir de rester comme otage, ou de se faire accompagner jusqu’à la limite territoriale de la circonscription; il opta pour ce dernier parti. On l’escorta jusqu'à cet endroit, où il entrait en pays paisible.

Quant à leur fidélité à la parole donnée, je l'ai éprouvée, sans avoir à m'en repentir, dans des circonstances qui sont particulièrement à noter.

J'ai toujours appliqué le moins possible la détention préventive, et très souvent j'en exemptais totalement les indigènes. Voici