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Page:Roussel Souvenirs d'un ancien magistrat d'Algérie 1897.djvu/18

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traitements, il a la reconnaissance des bienfaits reçus, enfin il met son amour-propre à la pratique de la vertu d’hospitalité. Si la griserie du combat peut, aux heures où la poudre parle, lui faire oublier ses devoirs de gratitude, jamais il ne trahira l’hôte qui dort sous son toit ou le voyageur placé sous sa garde. De même, s’il ment effrontément en justice, s’il est vénal au point de vendre son témoignage, qu’il s’agisse de déposer, soit pour ou contre un Européen, soit pour ou contre un coreligionnaire, quand il a donné sa parole et fait une promesse, en règle générale, il les tient. Même aux moments où il est le plus exalté et irrité, on peut toucher son cœur, apaiser sa colère, en implorant son assistance.

Les exemples de sa grandeur d’âme ne manquent pas. Au début de l’insurrection de 1871, le fameux Mokhrani, Bach-agha de la Medjana, l’un des chefs du mouvement, avertit des Européens avec lesquels il avait des relations amicales. Sans révéler la défection qu’il préparait, il les engagea à temps à s’enfuir, et plus d’un lui dut son salut. On rapporte notamment qu’un entrepreneur de travaux publics, dont les chantiers étaient dans son voisinage, invité à faire partir ses ouvriers, lui disant qu’il n’avait pas d’argent pour les payer, Mokhrani lui avança des fonds. Quelques-uns