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Page:Roussel Souvenirs d'un ancien magistrat d'Algérie 1897.djvu/21

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mais le juge m’a écouté et donné cette « carta ». En même temps il me remettait une lettre de ce magistrat.

La même loi qui ordonne au Musulman l’extermination de l’infidèle, lui prescrit la charité envers toute créature, même envers les bêtes qu’elle défend de tuer sans nécessité. Il obéit à ce double commandement. Loi et morale dictées par la religion, me direz-vous. — Oui, mais citez-moi quelque part une morale publique étrangère à tout enseignement religieux. Sans doute les religions, les lois, les mœurs sont des résultantes. Elles procèdent du caractère, du tempérament de la race, mais elles réagissent à leur tour sur la race pour la déformer ou la redresser. La caractéristique principale du monde de l’islam, c’est un extrême développement du sens religieux, et la prédominance de cette disposition de nature, cultivée par l’éducation, ne se manifeste peut-être nulle part avec plus d’énergie que parmi les populations musulmanes de l’Algérie. On sait qu’elles rapportent à Dieu le gouvernement de ce monde. Chacun y rapporte aussi le gouvernement de sa propre personne. Le Musulman n’est pas long à vous dire : « Si j’ai bien ou mal agi, c’est que Dieu l’a voulu. »

Sa conception de la justice porte particulièrement l’empreinte de cette tournure