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Page:Roussel Souvenirs d'un ancien magistrat d'Algérie 1897.djvu/22

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d’esprit. Elle est moins à ses yeux un pouvoir social qu’un attribut divin. Elle s’exerce par des hommes, en vertu d’une mission confiée au chef de la Société temporelle par la Divinité, qui n’intervient pas directement ici-bas dans le règlement des affaires humaines ; il a fallu instituer des magistrats pour la bonne répartition des fonctions gouvernementales, mais c’est simplement une règle de division du travail, et le Sultan peut réviser toutes les sentences, toute justice émane de lui et remonte à lui. Il semble bien qu’étant donné ce pli de l’esprit, un Musulman devrait toujours accepter sans plainte ni murmure la décision du juge, et cependant ils ne cessent de crier contre les leurs, les accusant de toute sorte d’iniquités. « Le cadi est indigne de rendre la justice, il la vend. » Et ils récriminent souvent avec raison. Quand le souverain, dont les arrêts sont sans recours, a prononcé, Je ne sais si jamais leur conscience ne proteste, mais ils s’inclinent avec une résignation fataliste. « Dieu l’a voulu, C’était écrit. »

La part de piété qui se rencontre dans leur obéissance à cette autorité sert sans doute à expliquer comment ils ont pu séculairement supporter sans révolte les barbares pénalités de leurs coutumes. L’on sait que les Musulmans ont une législation civile qui forme un