Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/102

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une attaque venant de l’intérieur : il les engageait donc à profiter de ce délai pour mettre en sûreté leurs biens et leurs personnes, et notamment les femmes et les enfants. Les résidents anglais et autres se tinrent prêts à partir au premier signal et firent embarquer abord de leurs navires en rade leurs objets les plus précieux. La ville était donc à la veille d’être évacuée, et il était probable que les Japonais, nécessairement informés de cet état de choses, allaient s’enhardir dans leur résistance et chercher par quelque démonstration, peut-être même par des voies de fait, à précipiter l’abandon de la ville[1].

En ces circonstances, l’amiral Jaurès, profitant de la position acquise à la France par la récente intervention de son ministre dans le différend, déclara officiellement son intention de rester à Yokohama, et d’y protéger les résidents de toutes nations avec les forces dont il disposait. Tout en priant le ministre de France de porter cette décision à la

  1. À Nagasaki, où les étrangers sont peu nombreux, il régnait, pendant tous ces événements, la même alarme qu’à Yokohama. Il s’y trouvait en rade deux navires anglais et un navire russe dont le commandant, en ces circonstances, se rapprocha de ses collègues. La seule mesure à prendre en cas d’attaque était l’embarquement immédiat de la population européenne. Malgré de sinistres avertissements et la concentration de troupes qui se faisait aux environs, les autorités consulaires, par une attitude ferme et calme, empêchèrent à plusieurs reprises l’évacuation précipitée de la ville par leurs nationaux.