Le Tancrède, qui vient de mouiller plus loin dans le détroit, nous signale vers une heure que des colonnes de troupes arrivant de Simonoseki se portent rapidement, par la route suivant la mer, sur le vallon où se passe l’action. Nous les apercevons bientôt ; on voit briller leurs armes, lances ou fusils ; on distingue des cavaliers. Le tout forme un long ruban serpentant sur plus d’un kilomètre, caché à certains moments derrière la verdure, puis reparaissant un peu plus loin. La route, sur une certaine longueur où elle est bordée de maisons, forme une large chaussée à découvert le long de la mer. Le Tancrède et la Sémiramis balayent aussitôt cette chaussée de leurs boulets. On voit bientôt la colonne se désorganiser, se retirer en arrière, ou se jeter de côté sous les bois. La tête de la colonne est parvenue au mamelon qui précède la rizière où sont engagés nos hommes. Quelques pas encore, ils vont tomber sur leur flanc ; à ce moment, arrêtés par le feu des navires, ils cessent d’avancer, forment précipitamment une barricade en travers de la route, et, cachés derrière cet abri, envoient quelques décharges de mousqueterie aux chaloupes de débarquement. Celles-ci ripostent avec leurs obus et reviennent ensuite sous la batterie.
Il est deux heures : quelques coups de fusil se tirent encore au fond du vallon. Tandis que nos hommes rallient la batterie, les affûts des pièces