Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/144

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Le lendemain, nous entrions dans la mer d’Osaka par le détroit qui sépare l’île Nipon d’Awadsi-Sima. Sur cette dernière, une énorme batterie était en construction vis-à-vis le passage. À une dizaine de milles, sur notre gauche, s’élevaient les montagnes qui dominent Hiogo, le port d’Osaka, où, suivant les conventions de Paris et de Londres, le commerce européen doit pénétrer le 1er janvier 1867. Mettant le cap au sud, nous atteignîmes en quelques heures la sortie orientale de la mer Intérieure ; en ce point le détroit a près de deux milles de largeur, et l’on aperçoit de loin les batteries qui garnissent ses deux rives. Le 24 au matin, nous étions mouillés à Yokohama, où le Tancrède nous rejoignit bientôt.

Un dernier fait militaire nous reste à raconter pour terminer le récit des événements dont le détroit de Simonoseki venait d’être le théâtre.

La corvette le Wyoming, partie, comme nous l’avons dit, pour la mer Intérieure, avait, peu de jours avant notre arrivée sur les lieux, tiré vengeance de l’acte d’agression commis sur le Pembroke par un coup d’audace bien en harmonie avec le caractère américain. Voici les faits en quelques mots : Le bâtiment, à marche rapide et calant peu d’eau, ne portait qu’un petit nombre de pièces et deux énormes canons de cent dix livres. Arrivé en vue de rentrée intérieure du détroit, il s’y engagea à toute vitesse, sans répondre au feu des deux ou trois bat-