Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/145

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teries qui le saluèrent successivement. L’équipage était couché sur le pont ; les boulets passèrent faisant peu ou point de dégâts.

Le navire, parvenu de la sorte aux bâtiments de Nagato, mouillés devant Simonoseki, lâcha subitement sur eux sa bordée de tribord. Un projectile de la pièce de cent dix, lancé presque à bout portant sur le vapeur le Lancefield, en ce moment chargé de monde et se disposant à l’attaque, traversa sa coque, et, sans nul doute, la chaudière, car on vit les Japonais se précipiter à la mer devant des flots de vapeur. Un moment après, les autres batteries se démasquant dans la seconde partie du détroit, le commandant du Wyoming fit évoluer le bâtiment pour revenir sur ses pas. Malheureusement la corvette s’échoua dans cette opération rendue difficile par l’étroitesse de la passe, et devint un but immobile au feu croisé de plusieurs batteries ; en quelques minutes le côté faisant face à l’ennemi fut criblé de projectiles ; douze hommes, dont six mortellement frappés, venaient de tomber sur le pont du navire. Parvenu enfin à se déséchouer, le Wyoming reprit sa marche en sens contraire, envoya en passant une seconde bordée aux navires, dont l’un coulait bas, et, défilant une seconde fois sans répondre devant les batteries de l’entrée du détroit, se retrouva bientôt dans la mer Intérieure.