Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

gardes japonais, s’y portent en toute hâte ; ils trouvent, à l’endroit indiqué, le cadavre mutilé et encore presque chaud d’un officier de notre bataillon d’infanterie légère d’Afrique. Malgré de terribles coups de sabre, dont l’un a presque entièrement divisé le crâne, l’on reconnaît le sous-lieutenant Camus, parti une heure auparavant, à cheval, pour faire sa promenade habituelle. M. Camus est sorti ce jour-là sans le revolver de poche qu’il portait ordinairement. Il est probable, toutefois, que le malheureux officier a été surpris par l’attaque imprévue d’assassins plus ou moins nombreux et que son arme n’eût pu le défendre. Les blessures dont son corps est couvert ont été faites avec ces longs sabres que les Japonais manient si bien. Sa main droite, abattue d’un seul coup, est retrouvée quelques pas plus loin, tenant encore des fragments de rênes. Le cheval, légèrement blessé et couvert de sang, erre à l’aventure à quelque distance. La nature du pays, boisé et entrecoupé de haies vives, a pu permettre aux assassins de se dérober rapidement ; personne ne paraît avoir été témoin de l’événement. Mais une seule pensée surgit à la fois dans tous les esprits : le crime a été commis sans provocation ; la politique et le fanatisme japonais ont encore fait une nouvelle victime.

Le lendemain soir, le corps du malheureux officier était conduit à sa dernière demeure, accom-