Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/179

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habitudes de plaisir de la population étrangère. Tous les jours, à l’heure où se terminent les affaires, un flot de piétons et de cavaliers se répandait dans la délicieuse campagne qui entoure Yokohama d’un berceau de verdure. On rencontrait bien parfois, au détour d’un vallon, quelque Samouraï armé de ses deux sabres, à la physionomie peu rassurante ; mais quel est le danger dont la crainte ne s’affaiblit pas lorsqu’on le brave tous les jours ? Il y avait un an que Richardson était tombé, frappé dans des circonstances exceptionnelles ; mais, en dehors de la route du Tokaïdo, le grand chemin du Japon, la police du taïcoun ne s’étendait-elle pas comme un réseau sur le pays environnant, prohibant soigneusement l’approche de la ville à ceux qui n’y étaient pas appelés pour leur service ? On voyait les gardes et soldats de police, dont l’uniforme était bien connu, occuper de nombreux postes d’observation sur les collines, au bord des routes, à la tête des ponts, et cela tout autour de la ville.

Le 14 octobre 1863, vers quatre heures du soir, le bruit se répand tout à coup, apporté à Yokohama par des Japonais, que le cadavre d’un Européen vient d’être aperçu couché en travers d’un chemin dans la campagne. Le lieu désigné est voisin de pagodes situées à deux kilomètres environ de la ville. Des résidents, des officiers, auxquels s’adjoignent des