Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/272

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donnent encore l’alignement des rues primitives. Déjà familiarisés avec les habitudes japonaises, nous devinons facilement ce qui serait une énigme pour le voyageur nouvellement débarqué. Ceci nous amène à parler d’un fléau qui joue un grand rôle dans la vie japonaise, vu son extrême fréquence et ses effets.

Les villes japonaises sont entièrement construites en bois ; légères et divisées intérieurement par des châssis à carreaux de papier, les habitations sont éminemment, combustibles ; cinq minutes suffisent, dans un incendie, à la destruction complète d’un pâté de maisons. Les nattes en paille dont sont tapissés les planchers, l’emploi que font les habitants de braseros et de lanternes en papier posés sur le sol des appartements, explique l’extrême fréquence des incendies, en hiver principalement. Lorsqu’à cette époque nous étions mouillés à Yokohama, il ne se passait pas de semaine sans que pendant une ou deux nuits au moins une lueur rougeâtre éclairant le ciel au-dessus des collines de Kanagawa vînt nous annoncer qu’un quartier de Yedo brûlait.

Mille précautions sont prises cependant par l’autorité pour combattre le fléau : des piles de cuves et de seaux entretenus pleins d’eau sont disposées à demeure dans toutes les rues, avec des pompes en bois ; des corps nombreux d’hommes du peuple