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Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/274

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ville indigène ; les corvées de marins envoyées par les bâtiments de guerre avec les pompes de bord y étaient fort mal reçues lorsqu’elles entreprenaient d’agir d’une autre façon ; on a dû renoncer à intervenir dans ces occasions, qui amenaient toujours des rixes sérieuses. Avec leur esprit éminemment conservateur, les Japonais ne paraissent pas vouloir changer plus que toute autre de leurs institutions ce système suivi par leurs ancêtres. L’incendie n’est donc pas chez eux un événement extraordinaire, mais un accident journalier ; on annonce le feu dans un quartier, comme chez nous on signalerait une averse de grêle. Bien convaincus, en tous cas, de leur impuissance à combattre le fléau, ils ont songé à d’autres moyens d’en atténuer les effets.

Tout commerçant ayant chez lui une certaine quantité de marchandises à demeure, fait englober dans son habitation une sorte de tour en matériaux incombustibles, dont le toit dépasse ordinairement celui de la maison environnante. Le fond de la construction est en bois, mais revêtu d’une épaisse muraille en ciment, à la surface lisse comme du stuc. — La porte et les rares ouvertures sont également d’une grande épaisseur et tournent lourdement sur des gonds en fer ; dès que l’incendie menace le quartier, le propriétaire enferme dans ce magasin ses marchandises, ses effets précieux, cimente les joints avec de la terre glaise, et s’éloigne