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Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/276

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ont l’apparence de fortifications. De temps à autre, une porte massive en bois laqué, ornée de gros clous et de charnières en bronze et surmontée des armes du daïmio, donne accès sur la voie. Après le bruit de la ville plébéienne, ce qui frappe le promeneur introduit subitement dans ce quartier, c’est le silence et l’aspect solennel de ses longues rues. En longeant ces interminables enceintes, vous apercevez à peine quelques figures apparaissant curieusement par l’entre-bâillement d’une porte ou le grillage d’une fenêtre. De temps à autre passe le cortége d’un daïmio se rendant à l’audience, assis dans son norimon, accompagné de la suite et des insignes exigés par l’étiquette ; ou bien hattamotto, en grande tenue de ville, sortant de chez lui à cheval. Deux bétos tiennent les rênes de sa monture, sur laquelle il est gravement assis, revêtu de l’élégant kami-shimon de soie bleue, son large chapeau plat en laque bleue ou noire ramené sur le front ; de chaque côté du cheval marchent deux officiers ; derrière, quelques serviteurs portent la lance, emblème de son rang, et les boîtes laquées contenant ses effets. Ailleurs, sur une esplanade de gazon, de tout jeunes garçons, sous l’œil du professeur, s’exercent à monter à cheval ou à tirer de l’arc ; généralement toutefois, ces exercices ont lieu dans l’intérieur de ces grandes enceintes soigneusement fermées, où l’on peut entendre réson-