Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/37

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palais[1] est tenu, à des époques périodiques, de venir y résider quelque temps. Il y vient avec ses officiers, ses serviteurs, avec la suite qui convient à son rang et à sa puissance, mais pour se prosterner devant le Taïcoun, premier lieutenant du Mikado, et recevoir ses ordres ou renouveler ses serments de fidélité. Cela fait, il peut partir et reprendre le chemin de ses terres ; mais, comme gage de la sincérité de ses paroles, il laisse derrière lui de précieux otages : sa femme, ses enfants n’ont pu quitter l’enceinte de son palais, où ils sont condamnés à rester éternellement, et, suivant les lois draconiennes du pays, la moindre faute du vassal retomberait immédiatement sur ses proches[2].

L’organisation de la société japonaise est restée, depuis son origine, toute aristocratique et militaire ; les princes, les nobles, les prêtres, les fonc-

  1. L’ensemble de ces palais forme le quartier aristocratique de Yedo ; ses rues sont désertes et silencieuses, et l’on y circule entre les immenses enceintes qui entourent les palais et leurs dépendances.
  2. Cette obligation, instituée par la dynastie d’Yyéas à l’époque de sa puissance, s’est conservée jusqu’à nos jours. Mais, en 1862, le bruit se répandit qu’à la faveur des troubles du pays et de l’ébranlement du pouvoir du Taïcoun, un certain nombre de princes venait de s’y soustraire : on avait remarqué de longs convois, ceux des familles de Daïmios, abandonnant leur palais de Yedo pour rentrer dans leurs provinces. Il est certain que, volontairement ou non, le Taïcoun laissa à cette époque un grand nombre de Daïmios quitter la capitale.