Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/38

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tionnaires et, au-dessous d’eux, le peuple divisé en pêcheurs, agriculteurs, marchands, forment autant de classes distinctes dans lesquelles chacun naît et vit sans qu’il lui soit possible d’en sortir à de bien rares exceptions près. Il n’y a pas de profession militaire proprement dite ; mais ceux qui gouvernent et qui commandent sont tous, le cas échéant, appelés à concourir à la défense nationale. Les classes supérieures, seules admises à porter les armes et instruites à s’en servir, se chargent du soin d’assurer la sécurité du pays ou de vider leurs propres querelles, tandis qu’au-dessous de leurs luttes et de leurs agitations, le peuple continue ses travaux, assistant comme à un spectacle aux débats auxquels il n’a jamais à prendre part. Contraint à une obéissance absolue, à laquelle il est façonné par son éducation, il ne saurait s’écarter un instant des lois ou des prescriptions d’étiquette qui règlent minutieusement jusqu’aux moindres détails de sa vie. Cet ordre de choses est poussé, au Japon, à ses dernières limites et le pouvoir n’en affranchit même pas ; il n’est pas un Japonais qui n’en soit l’esclave, quelque rang qu’il occupe dans la hiérarchie sociale.

Pour achever ce rapide aperçu de la société japonaise, il faut parler du rôle qu’y joue l’espionnage. — Cette force, qui dans nos sociétés se dissimule et se voile honteusement là où elle est réputée nécessaire