Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/54

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étaient les agents des grandes maisons commerciales des comptoirs de la Chine et des Indes. Si la nature de leurs opérations put parfois paraître singulière, elles s’expliquent par les entraves sans nombre que l’autorité indigène introduisit, dès l’origine, dans les transactions. C’est ainsi que, cherchant à limiter à des proportions ridicules le véritable commerce, celui qui devait porter sur les principales productions du pays, la soie, le thé, le coton, elle amena les négociants indigènes à vendre la monnaie d’or aux étrangers, transaction qu’autorisent d’ailleurs les lois du commerce international, et qui prit de fortes proportions jusqu’au jour où le gouvernement japonais vint le prohiber sous les peines les plus sévères. C’était une première infraction aux traités conclus ; pourquoi en les signant, n’avaient-ils pas formulé leur restriction à ce qui menaçait de jeter la perturbation dans l’état financier du pays[1] ?

Sans donc nous arrêter à ces faits, il faut chercher ailleurs la véritable cause de la scission qui se produisit dès l’origine entre les hautes classes japonaises et les étrangers ; pour celui qui a quelque

  1. L’or existe en assez grande quantité au Japon, et sa valeur, comparée à celle de l’argent, est notablement inférieure à ce qu’elle est chez les autres peuples. La monnaie d’or n’est généralement pas employée dans les transactions ordinaires ; espèce de monnaie de luxe, elle reste empilée dans les caisses du trésor ou dans les châteaux des Daïmios.