Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/55

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peu étudié l’organisation de la société au Japon, il faut l’attribuer à l’immense différence de mœurs et d’idées des nations mises brusquement en présence. Au Japon, la classe des marchands est une des dernières ; les classes supérieures supportent à peine de voir quelques-uns de ses membres amasser des richesses, et éluder en partie les lois somptuaires qui règlent à chacun, suivant son rang, jusqu’aux moindres détails de sa vie. L’égalité sociale qui règne chez nous, rapprochant les gouvernants des administrés, assurant la considération et l’influence à la richesse honnêtement acquise, devait donc choquer, plus que toute autre chose, cette société essentiellement aristocratique ; elle dut craindre l’influence de l’exemple sur ces castes que, depuis l’origine des choses, elle maintenait dans une soumission incontestée, et se vit menacée, dans l’avenir, d’une révolution sociale, de la perte de son autorité et de ses priviléges[1]. Le but constant des hautes classes japonaises fut donc désormais de repousser ou d’isoler les éléments dangereux qu’elle venait de laisser s’introduire dans le pays.

Si, d’une part, le gouvernement de Yedo, avec lequel les étrangers avaient traité, dut se trou-

  1. La phrase suivante figure dans les protestations, qui, signées de la noblesse, furent présentées au Mikado lors de la signature du traité américain ; si l’authenticité de ces curieux documents ne peut être parfaitement constatée, la phrase exprima