Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/57

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commerçants, l’opposition du parti hostile se traduit par des scènes sanglantes ; des Européens sont assassinés à plusieurs reprises ; la voix publique et les autorités locales accusent les meurtriers d’être les agents de ce parti. Leurs coups semblent tomber au hasard, sans distinction de nationalité, et s’adressent donc comme une menace à toute la colonie étrangère. Les gouvernements protestent ; mais les crimes demeurent impunis, et l’esprit d’hostilité du pays semble assurer un asile immédiat aux auteurs de ces attentats.

Pendant que ces faits se passent à Yokohama, un tragique incident, amené comme les premiers par l’excitation des partis, vient jeter l’émoi dans Yedo. Le 24 mars 1860, le régent Ikammono-Kami est assassiné en plein jour, au milieu de sa nombreuse escorte, au moment où il se rendait au palais du Taïcoun. Quelques-uns des meurtriers s’échappent et portent sa tête au prince de Mito, qui la fait exposer comme celle d’un traître. Ainsi périt, victime de sa politique, celui qui avait laissé les étrangers pénétrer au Japon. Peu de temps après, le prince de Mito était tué, dit-on, par des officiers d’Ikammono-Kami. Des faits de cette nature ne sont pas rares dans l’histoire du Japon, pays aux mœurs féodales et guerrières où chacun marche constamment armé ; mais, cette fois, les circonstances leur donnaient une signification plus grave, et pouvaient