Page:Roussin - Une campagne sur les côtes du Japon, 1866.djvu/71

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guerre devait éclater entre eux, le Taïcoun aurait pour lui la position imprenable du Quanto (province de Yedo) ; les Daïmios Gofoudaï, les 80 000 Hattamottos et les nombreux Yacounines suffiraient à la défendre, et envahiraient même les domaines des princes dès que ceux-ci se seraient mis en campagne. Pour ce qui est du secours étranger, c’est un moyen extrême : il faut comparer le Japon à un corps attaqué par des ulcères. On peut guérir rapidement ces ulcères en tranchant dans le vif, mais souvent aussi le malade espère que la guérison pourra être obtenue par des moyens anodins. Telle est notre situation actuelle. »

Quels que fussent ses projets, le gouvernement de Yedo, depuis peu, redoublait d’activité dans l’organisation de ses moyens d’attaque ou de défense. Dès l’ouverture du Japon par les premiers traités, on l’avait vu, reconnaissant la supériorité de l’art moderne de la guerre, se livrer à de nombreux achats d’armes de toutes sortes. Un certain nombre de jeunes gens furent envoyés en Hollande pour y recevoir une instruction scientifique et militaire, et, à leur retour, formèrent le noyau d’un corps d’officiers et d’ingénieurs : en effet, contrairement aux autres peuples orientaux, et malgré les tentatives faites auprès d’eux, les Japonais se refusaient à accepter les services d’officiers européens.