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xv
préface


Roustam était payé, comme mamelouck, 2.000 francs ; avait de plus 2.400 francs comme aide porte-arquebuse et les gratifications doublaient au moins ses gages. Après chaque campagne, 3.000 francs ; au jour de l’An, 3.000, 4.000, 6.000 francs ; en l’an XIII, 500 livres de rente ; à Fontainebleau, en 1814, outre un bureau de loterie, 50.000 francs d’argent. Lorsqu’il se maria, en 1806, à la fille de Douville, valet de chambre de l’Impératrice, ce fut Napoléon qui paya son dîner de noces, 1.341 francs. Tout cela, et tout l’or des poches vidées, tout l’or des gains au jeu jeté à son appétit, n’empêcha point, en 1814, le mamelouck de suivre dans la désertion son camarade Constant… J’ai raconté comment, en 1815, il avait demandé à rentrer dans la chambre de l’Empereur et comment l’Empereur avait répondu à Marchand qui lui présentait la supplique : « C’est un lâche ; jette-la au feu et ne m’en parle jamais. »

Il était surtout inconscient : de sa domesticité, il avait tiré tout l’argent qu’il avait pu ; il en tirait encore en allant s’exhiber en Angleterre sous sa défroque de mamelouck ; il