Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/116

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ses fenêtres. C’était l’échafaud qu’on y dressait et sur lequel il devait mourir le lendemain.

C’est par l’une de ces fenêtres qu’il sortit, et se trouva sur le gibet. Quand sa tête tomba, Cromwell la prit dans ses mains et considérant le cadavre, il dit froidement : « c’était un corps bien constitué et qui promettait une longue vie. »

Mais, onze ans après, Whitehall était témoin d’un autre spectacle qui montre bien toute l’inconstance de la faveur populaire.

« Du pont de Londres jusqu’à ce palais, dit Lingard, les maisons étaient tapissées, et les rues bordées par les milices de la cité, les troupes régulières et les officiers qui avaient servi sous Charles I. Le roi était précédé par une troupe de trois mille cavaliers magnifiquement vêtus ; venait ensuite le lord maire, portant l’épée nue, après lui le lord général et le duc de Buckingham, et enfin le roi lui-même, à cheval entre ses deux frères. À Whitehall, Charles reçut, l’une après l’autre, les deux chambres, dont les présidents le haranguèrent en lui exprimant le plus ardent dévouement. Il leur répondit par des protestations de son attachement pour les intérêts et les libertés de ses sujets. »

C’est ainsi qu’après six ans d’une république sanguinaire, et cinq ans d’un protectorat tyrannique, l’Angleterre se voyant glisser dans l’anarchie, rappelait et acclamait comme un triomphateur le fils de celui qu’elle avait tué.

Pourquoi faut-il que la France n’ait pas suivi cet