Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/130

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non pas seulement ce qu’il admire lui-même — il est mauvais juge — mais ce qui est généralement admiré.

Ajoutons que le culte des beaux-arts en Angleterre est tout moderne. Cromwell a été l’ennemi des arts par ce qu’il croyait — avec raison — que leur culte était intimement lié au culte catholique. Cette haine lui a survécu, et l’Angleterre l’a partagée pendant plus d’un siècle. C’est ce qui explique chez les anglais, au moins partiellement, leur longue enfance dans les arts. L’aridité naturelle de leurs sentiments, et la rigidité de leur apparente vertu y ont sans doute aussi contribué.

Les anglais ont fait plus de progrès dans les sciences naturelles, et ce contraste frappe en visitant le Musée Britannique.

Cet édifice est immense, et sa façade bordée de colonnes avec portique et fronton offre un aspect imposant.

Ses collections d’histoire naturelle sont les plus considérables qui existent, et je n’ai trouvé ni dans les musées français, ni dans ceux d’Italie une aussi colossale exhibition de mammifères, de poissons, de serpents, d’oiseaux, d’insectes, de coquilles et de minéraux, le tout rangé et classifié dans un ordre parfait.

Un colosse antédiluvien y remplit toute une salle : c’est le mégathérium. Sa charpente osseuse ressemble au squelette d’un trois-mâts naufragé que l’on apercevrait sur un rivage désert. Le déluge nous a débarrassés de cet animal, et c’est bien fait ; il devait