Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/138

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immense dans l’histoire de l’art ; car nous nous trouvons sur une place publique de Némée dans l’ancienne Grèce. Devant nous s’élèvent les murs d’un temple de Jupiter, avec ses magnifiques colonnes doriques, et autour de nous des modèles des plus célèbres statues que la Grèce ait produites. Plus loin c’est l’immortel monument d’Athènes, le Parthénon, avec des proportions réduites.

D’Athènes à Rome la distance est à peine sensible. Nous y voyons cependant apparaître l’art toscan, et quelques additions à l’école grecque, autour d’une collection non moins belle de statues.

Mais quel changement soudain, et quel singulier réveil de l’art après dix siècles ! Qu’est-ce donc que cette frise toute brillante de couleurs soutenue par ces délicats piliers d’or ? C’est l’Alhambra, ce palais des mystères comme l’appelle Chateaubriand, qui abrita si longtemps la domination mauresque en Espagne ; et cette fontaine merveilleuse, c’est la Fontaine-des-douze-lions qui décorait l’une de ses cours. En arrière, est la Salle des Abencérages où les chefs de cette malheureuse famille furent décapités. Il n’y a que l’architecture mahométane qui possède ces plafonds à stalactites.

Notre promenade artistique et historique se continue autour de la grande nef, ici sous des cloitres construits dans le style bizantin, là sous les arceaux gothiques du moyen-âge, au milieu des statues couchées sur les tombeaux, plus loin à travers les œuvres mêlées de la renaissance.